dimanche 3 août 2025

Gabon – Turquie : Huit accords signés, une stratégie de réorientation géopolitique ? Gabon-Turquie : Huit accords signés

Gabon – Turquie : Huit accords signés, une stratégie de réorientation géopolitique ?

Alors que beaucoup scrutent ses premiers pas avec curiosité, le nouveau président gabonais affiche un rythme diplomatique soutenu. Dernier coup d’éclat en date : la signature, avec la Turquie, de huit accords de coopération couvrant des secteurs aussi stratégiques que la défense, l’énergie, les mines, l’éducation et les finances.

Un président au travail, déterminé à relancer le pays

Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique de rupture. Après des années de relations marquées par une forte dépendance à l’égard de la France, le Gabon semble amorcer un rééquilibrage de ses alliances. En s’ouvrant à la Turquie, acteur ambitieux sur la scène africaine, Libreville entend diversifier ses partenariats économiques et militaires, tout en affirmant une volonté d’indépendance stratégique.

La Turquie : une puissance montante en Afrique

Depuis plus d'une décennie, Ankara déploie une diplomatie proactive sur le continent africain. Présente dans les secteurs des infrastructures, de la formation militaire ou encore des services, la Turquie offre une alternative crédible aux puissances occidentales traditionnelles.

Pour le Gabon, ce rapprochement est une opportunité de rompre avec certaines logiques de dépendance héritées de la Françafrique. Il s’agit aussi, à travers ce partenariat, d'attirer des financements nouveaux, de bénéficier d’un transfert de compétences, et de renforcer la coopération dans des domaines sensibles comme la sécurité.

Une mise à distance stratégique de la France ?

Derrière cette signature se

dimanche 6 juillet 2025

FCFA : L'urgence d'une sortie pour l'AES

FCFA : L'urgence d'une sortie pour l'AES

Monnaie et souveraineté : un lien indissociable

Il est illusoire de parler de souveraineté économique, de politique industrielle autonome, ou même de modèle de développement alternatif, tant que la politique monétaire des États de l’AES reste dictée depuis Paris, via le Trésor français et la Banque de France.

Le FCFA est aujourd’hui une monnaie sous tutelle, dont :

  • la parité fixe avec l’euro empêche toute flexibilité monétaire,
  • la centralisation de 50 % des réserves de change limite la capacité d’investissement intérieur,
  • la politique monétaire est dictée selon les intérêts de stabilité externe, et non de croissance endogène.

Or, une nation ne peut s’affirmer pleinement si elle ne dispose pas de la maîtrise de sa monnaie.

Une sortie crédible et économiquement réalisable

1. Un potentiel démographique structurant

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger représentent plus de 72 millions d’habitants (2024), et pourraient dépasser les 140 millions à l’horizon 2050. Ce marché intérieur important peut soutenir une production locale et des politiques fiscales élargies.

2. Un réservoir de ressources stratégiques

Ces pays regorgent de richesses : uranium, or, fer, pétrole, lithium, manganèse, etc. Cela peut constituer une base de fonds souverain et de réserves monétaires stables.

3. Des chiffres rassurants

Pays PIB (USD) Croissance annuelle Réserves de change
Mali ~20 milliards 4,1 % 4,3 milliards
Burkina Faso ~18 milliards 3,5 % 3,8 milliards
Niger ~15 milliards 6,5 % 2,7 milliards

Des pistes crédibles pour une monnaie de rupture

Parmi les scénarios crédibles :

  • Créer une monnaie régionale AES arrimée à un panier de matières premières.
  • Mettre en place un système de paiement intra-régional (type BRICS Pay).
  • Émettre une monnaie numérique souveraine pour faciliter les échanges et limiter l’économie informelle.

Les obstacles : des forces puissantes à l’œuvre

La sortie du FCFA sera combative. Voici les obstacles à anticiper :

  • Chantage économique : suspension des aides, isolement diplomatique.
  • Instabilité sécuritaire alimentée par des groupes liés à l’Occident ou à ses alliés.
  • Guerre médiatique : décrédibilisation des projets souverains par les médias dominants.
  • Blocage régional via la CEDEAO alignée sur les intérêts français.

Conclusion : Reprendre la main ou rester dépendant

La question du franc CFA n’est pas technique. Elle est politique. Les États de l’AES doivent poser un acte historique de rupture et bâtir une souveraineté monétaire régionale cohérente, progressive, mais ferme. Ne rien faire serait prolonger l’asservissement monétaire et brider durablement toute ambition de développement souverain.

samedi 5 juillet 2025

🇷🇺 La Russie reconnaît officiellement le gouvernement taliban en Afghanistan

Moscou franchit un cap historique : la reconnaissance de l’émirat islamique instauré par les talibans en Afghanistan. Une décision qualifiée de "courageuse" par Kaboul et saluée par Pékin, qui promet de "poursuivre une politique étrangère d’amitié envers le peuple afghan."

🔍 Retour sur la prise de pouvoir des talibans

Le 15 août 2021, les talibans ont pris le contrôle de Kaboul, capitale de l’Afghanistan, marquant la fin de vingt années d’intervention occidentale dans le pays. À la suite du retrait précipité des troupes américaines, le gouvernement soutenu par l’Occident s’est effondré en quelques jours. Depuis, les talibans ont rétabli un régime islamique strict, rebaptisé Émirat islamique d’Afghanistan.

Bien que les talibans contrôlent de facto le pays, la reconnaissance internationale de leur gouvernement était jusqu’à présent inexistante. Aucun État majeur n'avait officialisé ses relations diplomatiques avec le régime, notamment en raison des questions liées aux droits humains, à l'exclusion des femmes de la vie publique et aux inquiétudes sécuritaires.

🌐 La reconnaissance russe : un tournant géopolitique

Le Kremlin a désormais franchi cette ligne en devenant le premier État à reconnaître officiellement le gouvernement taliban. Un geste qui pourrait avoir des conséquences majeures sur la scène internationale.

Pour Moscou, cette décision s'inscrit dans une logique stratégique et sécuritaire. L’Afghanistan partage une frontière indirecte avec l’Asie centrale, région d’intérêt historique pour la Russie. En officialisant ses relations avec les talibans, Moscou vise probablement à stabiliser la région, à contenir toute poussée djihadiste vers les anciennes républiques soviétiques et à renforcer sa présence diplomatique dans un contexte mondial polarisé.

🇨🇳 Une reconnaissance saluée par Pékin

La Chine, qui entretient elle aussi des liens pragmatiques avec les talibans, a salué cette initiative. Pékin a réaffirmé son intention de "poursuivre une politique étrangère d’amitié envers le peuple afghan", signalant une convergence russo-chinoise dans une région où les intérêts occidentaux se sont largement retirés.

📌 Pourquoi cette reconnaissance fera date

Cette décision marque un précédent. Elle pourrait encourager d’autres pays à suivre l’exemple de la Russie, ouvrant la voie à une normalisation progressive des talibans sur la scène internationale, malgré les critiques persistantes sur leur gouvernance.

Derrière cette reconnaissance se dessinent des enjeux de pouvoir, de stabilité régionale et d'influence. Pour Kaboul, il s’agit d’un signal fort : l’isolement diplomatique pourrait toucher à sa fin. Mais pour de nombreuses voix dans le monde, cette reconnaissance pose une question éthique : peut-on normaliser un régime tant que les droits fondamentaux de millions de citoyens afghans, en particulier des femmes, ne sont pas garantis ?

L’avenir dira si cette décision russe est un acte de réalisme politique ou un pari risqué sur un régime encore très controversé.

jeudi 26 juin 2025

LE PROPHÈTE AYUK RAYMOND AYUK, CHEVALIER DU MÉRITE CAMEROUNAIS : UNE VIE DE SERVICE ET D’IMPACT HONORÉE


Le 26 mars 2023, à l’occasion des célébrations du 10ème anniversaire du Ministère International de la Fontaine de l’Espoir, le Prophète Ayuk Raymond Ayuk recevait de ses pairs une lettre de félicitations et un tableau d’honneur, remis par le Dr Théophile Obaker. Cette distinction saluait son leadership et sa contribution significative à l’essor de l’œuvre de Dieu au Cameroun, notamment dans le cadre du mouvement pentecôtiste.

Deux ans plus tard, c’est la nation tout entière qui lui rend hommage. Le 20 mai 2025, à l’occasion de la 53ème édition de la Fête de l’Unité, le Prophète Ayuk Raymond Ayuk a été élevé au rang de chevalier de l’ordre du mérite camerounais, par décret du Chef de l’État, S.E. Paul Biya.

Cette décoration reconnaît ses actions en faveur de l’édification spirituelle du peuple, de la cohésion sociale et de l’aide aux plus vulnérables. Il s’est notamment illustré par :

  • La scolarisation d’enfants défavorisés
  • Le soutien à plusieurs orphelinats
  • L’accompagnement spirituel et psychologique des veuves

La cérémonie s’est tenue à la place de la Besseke, en présence de nombreuses personnalités, de fidèles, de sa famille et de ses enfants spirituels. Le préfet du Wouri lui a remis l’insigne sous les applaudissements nourris de l’assemblée.

« Je pense donc que nous allons faire mieux que par le passé. »

Un parcours inspirant et enraciné dans la foi

Né dans un foyer modeste, le Prophète Ayuk Raymond Ayuk accepte l’appel au salut dès l’âge de 9 ans. Il débute comme enseignant à l’école du dimanche à Mamfé, puis animateur de jeunesse à Muyuka. En 2004, il rejoint l’Institut Biblique du Plein Évangile à Bamenda, où il se distingue par des prophéties avérées.

Après ses études, il devient pasteur associé à Mamfé, où il suscite un réveil spirituel dans la région. Pendant sept ans, il exerce dans plusieurs localités : Mamfé, Kumba, Douala...

Le 2 mars 2013, il fonde le Ministère International de la Fontaine de l’Espoir, consacré par l’Apôtre Dr Emmanuel Nuhu Kure (Nigéria). Il lance aussi Eagle Flight TV (EFTV), une chaîne chrétienne diffusée par satellite à travers l’Afrique.

Un ministère qui transcende les frontières




Avec plus de 20 ans de service, le Prophète Ayuk Raymond Ayuk est devenu une figure emblématique du monde évangélique camerounais et international. Il compte des disciples dans plusieurs pays.

Sa reconnaissance dépasse le cadre religieux. Elle célèbre un homme de paix, de compassion, et de dignité humaine. Un bâtisseur de ponts, un humaniste sincère.

Son œuvre ne se limite pas aux mots : il agit par des gestes concrets de solidarité et par la transmission de l’espérance.

« Si votre foi peut prendre vie, alors tout dans votre vie peut prendre vie. »

Cette médaille consacre une vie d’engagement au service de Dieu, des autres et de la nation. Et le chemin continue…

Israël - Iran : une guerre éclair qui a révélé les failles d’une puissance surévaluée

Par DIFFO Christian

Une guerre déclenchée sous un faux prétexte

Le 10 juin 2025, Israël lançait une série de frappes massives contre des infrastructures militaires iraniennes, accusant Téhéran d’être à quelques heures de l’acquisition d’une arme nucléaire. Une rhétorique déjà utilisée par le passé pour justifier des interventions unilatérales, notamment contre le Hamas à Gaza. Mais cette fois, l’adversaire n’était pas une milice régionale : c’était l’Iran, acteur étatique, structuré et stratégiquement préparé.

L'attaque a mis un terme brutal à des négociations avancées entre Washington et Téhéran sur la levée partielle des sanctions économiques en échange d’un encadrement du programme nucléaire iranien. Ce timing interroge : pourquoi frapper alors que la diplomatie progressait ? Pour plusieurs analystes, cette manœuvre visait à torpiller tout retour à un accord qui aurait renforcé l’Iran sur la scène internationale.

L’Iran surprend et désarme la machine israélienne

La riposte iranienne fut rapide, méthodique, et surtout redoutablement efficace. En frappant des cibles militaires sensibles dans le sud et le centre d’Israël, l’Iran a montré un niveau de préparation et de précision inattendu. Le fameux "Dôme de Fer", souvent présenté comme un bouclier inviolable, a montré ses limites : de nombreux missiles sont passés entre les mailles du filet technologique, infligeant des pertes humaines et matérielles à une échelle inédite.

Face à cette offensive, Israël a brièvement envisagé une riposte nucléaire tactique, selon des sources officieuses à Tel-Aviv. Mais l’ampleur de la réaction internationale potentielle a refroidi les ardeurs. À défaut d'une victoire rapide, Tel-Aviv s’est alors tourné vers son allié historique : les États-Unis.

Une intervention américaine symbolique… et inefficace

Les États-Unis sont intervenus militairement en lançant leur plus puissante bombe non nucléaire, espérant impressionner Téhéran et rétablir un rapport de force. Mais l’effet fut surtout médiatique. Les cibles visées étaient déjà évacuées, et aucun impact stratégique notable n’a été enregistré.

Cette impasse opérationnelle a précipité la recherche d’une sortie de crise. Washington, dépassé, s’est appuyé sur la diplomatie russe, par l’entremise du président Vladimir Poutine, qui a joué un rôle discret mais décisif dans la médiation. C’est à Moscou que le chef de la diplomatie iranienne a trouvé un terrain d’entente, menant à l’annonce d’un cessez-le-feu le 21 juin.

Israël fragilisé, l’Iran renforcé

Ce conflit express aura des conséquences profondes. Il a révélé que l’État hébreu n’est plus cette puissance militaire intouchable qu’elle prétendait être. En 14 jours, les capacités de défense israéliennes ont été dépassées, et les pertes économiques, militaires et diplomatiques sont considérables.

L’Iran, en revanche, en sort renforcé : sa dissuasion régionale est réaffirmée, et son isolement diplomatique pourrait être brisé, grâce au soutien de Moscou, Pékin, et d’une partie du monde arabe. Le mythe d’un Israël invincible s’est fissuré.

Une nouvelle ère géopolitique ?

Ce conflit met aussi en lumière l’affaiblissement progressif de l’influence occidentale dans les grands dossiers sécuritaires. Les États-Unis n’ont plus le monopole de la médiation, et leur arsenal ne suffit plus à dissuader les puissances émergentes. Quant à Israël, il devra repenser sa stratégie régionale à l’heure où son voisin iranien impose une nouvelle équation de puissance.

La guerre entre Israël et l’Iran n’aura duré que deux semaines, mais elle aura suffi à bouleverser les équilibres régionaux. Elle a montré qu’une puissance technologique peut vaciller lorsqu’elle sous-estime son adversaire et surestime ses alliés. À l’heure du multilatéralisme stratégique, les certitudes d’hier ne tiennent plus. Et la diplomatie des frappes préventives semble avoir atteint ses limites.

dimanche 22 juin 2025

Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : le RHDP propose Alassane Ouattara, qui demande un temps de réflexion

Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : le RHDP propose Ouattara

Abidjan, 22 juin 2025 – Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a franchi une étape décisive en vue de la présidentielle ivoirienne d’octobre 2025. Réuni en congrès extraordinaire les 21 et 22 juin à Abidjan, le parti au pouvoir a désigné, à l’unanimité, le président Alassane Ouattara comme son candidat. Un choix qui s’inscrit dans une dynamique de continuité, mais qui reste, pour l’heure, suspendu à la décision finale de l'intéressé.

Un soutien unanime de la base

La proposition du congrès n’est pas une surprise : depuis plusieurs mois, les cadres et militants du RHDP multipliaient les appels pour que le chef de l’État, à la tête du pays depuis 2011, se représente. Durant ce congrès, la direction du parti a officiellement acté cette volonté collective, saluant le bilan du président sortant et l'associant à la stabilité du pays.

« Nous avons besoin d’un homme d’expérience, un homme de paix, pour poursuivre l’œuvre entamée », a déclaré un membre influent du comité exécutif.

Ouattara demande un délai

Face à cette pression militante, Alassane Ouattara a répondu avec prudence. S’il a chaleureusement remercié son parti pour la confiance renouvelée, il a demandé quelques jours de réflexion avant de confirmer ou non sa candidature.

En revanche, il a accepté de continuer à diriger le RHDP en tant que président du parti pour les cinq années à venir, un geste interprété par plusieurs observateurs comme un premier pas vers une candidature qu’il pourrait officialiser prochainement. Ce scénario rappelle celui de 2020, où le chef de l’État avait d’abord décliné l’idée d’un troisième mandat, avant de se raviser face aux circonstances politiques.

Entre continuité et stratégie

Cette proposition de candidature s’inscrit dans un contexte marqué par la volonté du RHDP de maintenir le cap, dans une région ouest-africaine en proie à des turbulences sécuritaires et politiques. Alassane Ouattara est perçu, au sein de son camp, comme un leader rassurant et un acteur-clé de la stabilité économique ivoirienne.

Mais pour une partie de l’opinion, cette éventuelle candidature soulève aussi des interrogations sur l’alternance démocratique. À 83 ans, et après plus d’une décennie au pouvoir, le président Ouattara incarne la longévité politique. Certains acteurs de la société civile plaident pour un renouvellement du leadership national.

Une candidature probable, mais encore officieuse

Bien que la déclaration officielle n’ait pas encore été faite, les signaux politiques convergent : tout indique qu’Alassane Ouattara se dirige vers une nouvelle course à la présidence. L’architecture interne du RHDP est déjà en ordre de bataille, et aucune autre figure majeure ne semble se dégager comme alternative à court terme.

Cette posture mesurée du président sortant permet également de maintenir le suspense stratégique tout en consolidant les rangs du parti autour de sa personne.

La proposition du RHDP et la réaction d’Alassane Ouattara ouvrent officiellement la séquence politique vers la présidentielle 2025. S’il n’a pas encore levé l’ambiguïté sur sa candidature, tout porte à croire que l’ancien économiste du FMI pourrait une nouvelle fois répondre à "l’appel du peuple", dans un contexte où sa présence est perçue, par ses partisans, comme un gage de stabilité. Les prochains jours seront décisifs. Mais déjà, le décor est planté.

𝐅𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐬 𝐚𝐦é𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐥’𝐈𝐫𝐚𝐧 : 𝐥𝐞𝐬 É𝐭𝐚𝐭𝐬-𝐔𝐧𝐢𝐬 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞𝐧𝐭-𝐢𝐥𝐬 𝐞𝐧 𝐠𝐮𝐞𝐫𝐫𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐬𝐚𝐮𝐯𝐞𝐫 𝐈𝐬𝐫𝐚ë𝐥 ?

Cette nuit, les États-Unis ont franchi une étape décisive dans le conflit israélo-iranien en menant des frappes directes sur plusieurs sites nucléaires du territoire iranien. Cette offensive, d’une ampleur inédite, relance les interrogations sur l’implication américaine dans une guerre de plus en plus ouverte au Moyen-Orient. Mais au-delà des apparences, la portée réelle de ces frappes reste à interroger, tant sur leur efficacité militaire que sur leurs implications géopolitiques. Une opération militaire spectaculaire mais à l’efficacité discutable Les cibles visées par l’aviation américaine sont parmi les plus sensibles du programme nucléaire iranien : Fordow, Natanz et Ispahan. Des bombes GBU-57, capables de pénétrer des bunkers très enfouis, ainsi que des missiles Tomahawk ont été utilisés pour frapper ces installations. Selon les autorités américaines, il s’agirait d’un "succès total". Pourtant, les premières images diffusées par les médias iraniens – y compris des vidéos issues de la surveillance civile – révèlent des dégâts beaucoup moins conséquents que ne l’annonçait Washington. Aucune fuite radioactive n’a été signalée, les structures sont endommagées mais pas de manière irréversible, aucun site n’a donc été totalement neutralisé. Ces éléments renforcent l’idée que l’Iran, conscient de la montée des tensions, avait déjà pris soin de déplacer une partie de ses installations sensibles dans des lieux plus sécurisés et tenus secrets. L’effet stratégique des frappes s’en trouve ainsi nettement relativisé. La rhétorique jouissive américaine est donc plus un charme à l'attention de la presse pour la propagande. Une décision risquée sur le plan politique et militaire En intervenant directement sur le sol iranien, les États-Unis prennent un risque majeur. Ils abandonnent la position de soutien indirect à Israël pour endosser un rôle d’agresseur direct. Ce basculement pourrait entraîner une escalade régionale de grande ampleur. Téhéran a déjà qualifié ces frappes "d’acte de guerre illégal", et a promis une réponse "stratégique et proportionnée". Si le détail de cette riposte reste inconnu à ce stade, l’Iran dispose d’une large panoplie de leviers : frappes balistiques ciblées sur les bases américaines du Golfe, mobilisation de ses alliés régionaux (Hezbollah, Houthis), ou actions asymétriques contre les intérêts américains. Du côté des puissances rivales, Moscou a immédiatement dénoncé une "escalade dangereuse" et s’est dite prête à "jouer un rôle de médiateur" si nécessaire. Pékin, de son côté, appelle à la retenue, mais n’écarte pas un soutien plus affirmé à Téhéran si la confrontation devait dégénérer. Une tentative américaine de sauver Israël ? Il est difficile d’ignorer la dimension politique de cette intervention. Face à une Israël fragilisée sur le plan militaire et diplomatique, la Maison Blanche semble vouloir renforcer son allié stratégique en envoyant un signal clair : les États-Unis ne laisseront pas Israël seul face à l’Iran. Mais cette volonté d’assistance pourrait bien se retourner contre Washington. Sur le terrain, les frappes n’ont pas produit l’effet escompté, ni sur le moral iranien ni sur ses capacités réelles. Sur le plan diplomatique, elles risquent de provoquer un isolement plus marqué des États-Unis sur la scène internationale, notamment dans les pays du Sud global. Et surtout, elles pourraient renforcer la légitimité iranienne auprès de ses partenaires, en présentant la République islamique comme une nation agressée plutôt qu’agressante. Une riposte iranienne attendue, mais imprévisible Tout indique que l’Iran ne restera pas sans réaction. Si la République islamique choisit pour l’instant de temporiser, elle dispose de nombreux moyens de réponse, qu’ils soient militaires, politiques ou économiques. Une frappe contre les bases américaines, une série d’opérations par milices interposées, ou une montée en puissance du programme nucléaire sont autant d’options sur la table. Il ne fait aucun doute que Téhéran cherchera à rendre cette frappe coûteuse pour Washington, non pas en répliquant de manière précipitée, mais en frappant là où cela fera le plus mal – y compris sur le plan symbolique. Les frappes américaines sur l’Iran marquent un tournant dans le conflit israélo-iranien. Elles traduisent une volonté de sauver Israël d’une situation militaire délicate, mais au prix d’une prise de risque géopolitique considérable. Si ces frappes n’ont pas infligé de dommages critiques aux infrastructures iraniennes, elles ont en revanche ouvert une nouvelle phase de confrontation directe entre Washington et Téhéran. Et dans cette phase, tout indique que l’Iran saura réagir, avec méthode, et sans renoncer à son programme stratégique. La question n’est donc plus de savoir si l’Iran ripostera, mais quand et où il frappera.

Gabon – Turquie : Huit accords signés, une stratégie de réorientation géopolitique ? Gabon – Turquie : Huit acco...