dimanche 6 juillet 2025

FCFA : L'urgence d'une sortie pour l'AES

FCFA : L'urgence d'une sortie pour l'AES

Monnaie et souveraineté : un lien indissociable

Il est illusoire de parler de souveraineté économique, de politique industrielle autonome, ou même de modèle de développement alternatif, tant que la politique monétaire des États de l’AES reste dictée depuis Paris, via le Trésor français et la Banque de France.

Le FCFA est aujourd’hui une monnaie sous tutelle, dont :

  • la parité fixe avec l’euro empêche toute flexibilité monétaire,
  • la centralisation de 50 % des réserves de change limite la capacité d’investissement intérieur,
  • la politique monétaire est dictée selon les intérêts de stabilité externe, et non de croissance endogène.

Or, une nation ne peut s’affirmer pleinement si elle ne dispose pas de la maîtrise de sa monnaie.

Une sortie crédible et économiquement réalisable

1. Un potentiel démographique structurant

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger représentent plus de 72 millions d’habitants (2024), et pourraient dépasser les 140 millions à l’horizon 2050. Ce marché intérieur important peut soutenir une production locale et des politiques fiscales élargies.

2. Un réservoir de ressources stratégiques

Ces pays regorgent de richesses : uranium, or, fer, pétrole, lithium, manganèse, etc. Cela peut constituer une base de fonds souverain et de réserves monétaires stables.

3. Des chiffres rassurants

Pays PIB (USD) Croissance annuelle Réserves de change
Mali ~20 milliards 4,1 % 4,3 milliards
Burkina Faso ~18 milliards 3,5 % 3,8 milliards
Niger ~15 milliards 6,5 % 2,7 milliards

Des pistes crédibles pour une monnaie de rupture

Parmi les scénarios crédibles :

  • Créer une monnaie régionale AES arrimée à un panier de matières premières.
  • Mettre en place un système de paiement intra-régional (type BRICS Pay).
  • Émettre une monnaie numérique souveraine pour faciliter les échanges et limiter l’économie informelle.

Les obstacles : des forces puissantes à l’œuvre

La sortie du FCFA sera combative. Voici les obstacles à anticiper :

  • Chantage économique : suspension des aides, isolement diplomatique.
  • Instabilité sécuritaire alimentée par des groupes liés à l’Occident ou à ses alliés.
  • Guerre médiatique : décrédibilisation des projets souverains par les médias dominants.
  • Blocage régional via la CEDEAO alignée sur les intérêts français.

Conclusion : Reprendre la main ou rester dépendant

La question du franc CFA n’est pas technique. Elle est politique. Les États de l’AES doivent poser un acte historique de rupture et bâtir une souveraineté monétaire régionale cohérente, progressive, mais ferme. Ne rien faire serait prolonger l’asservissement monétaire et brider durablement toute ambition de développement souverain.

samedi 5 juillet 2025

🇷🇺 La Russie reconnaît officiellement le gouvernement taliban en Afghanistan

Moscou franchit un cap historique : la reconnaissance de l’émirat islamique instauré par les talibans en Afghanistan. Une décision qualifiée de "courageuse" par Kaboul et saluée par Pékin, qui promet de "poursuivre une politique étrangère d’amitié envers le peuple afghan."

🔍 Retour sur la prise de pouvoir des talibans

Le 15 août 2021, les talibans ont pris le contrôle de Kaboul, capitale de l’Afghanistan, marquant la fin de vingt années d’intervention occidentale dans le pays. À la suite du retrait précipité des troupes américaines, le gouvernement soutenu par l’Occident s’est effondré en quelques jours. Depuis, les talibans ont rétabli un régime islamique strict, rebaptisé Émirat islamique d’Afghanistan.

Bien que les talibans contrôlent de facto le pays, la reconnaissance internationale de leur gouvernement était jusqu’à présent inexistante. Aucun État majeur n'avait officialisé ses relations diplomatiques avec le régime, notamment en raison des questions liées aux droits humains, à l'exclusion des femmes de la vie publique et aux inquiétudes sécuritaires.

🌐 La reconnaissance russe : un tournant géopolitique

Le Kremlin a désormais franchi cette ligne en devenant le premier État à reconnaître officiellement le gouvernement taliban. Un geste qui pourrait avoir des conséquences majeures sur la scène internationale.

Pour Moscou, cette décision s'inscrit dans une logique stratégique et sécuritaire. L’Afghanistan partage une frontière indirecte avec l’Asie centrale, région d’intérêt historique pour la Russie. En officialisant ses relations avec les talibans, Moscou vise probablement à stabiliser la région, à contenir toute poussée djihadiste vers les anciennes républiques soviétiques et à renforcer sa présence diplomatique dans un contexte mondial polarisé.

🇨🇳 Une reconnaissance saluée par Pékin

La Chine, qui entretient elle aussi des liens pragmatiques avec les talibans, a salué cette initiative. Pékin a réaffirmé son intention de "poursuivre une politique étrangère d’amitié envers le peuple afghan", signalant une convergence russo-chinoise dans une région où les intérêts occidentaux se sont largement retirés.

📌 Pourquoi cette reconnaissance fera date

Cette décision marque un précédent. Elle pourrait encourager d’autres pays à suivre l’exemple de la Russie, ouvrant la voie à une normalisation progressive des talibans sur la scène internationale, malgré les critiques persistantes sur leur gouvernance.

Derrière cette reconnaissance se dessinent des enjeux de pouvoir, de stabilité régionale et d'influence. Pour Kaboul, il s’agit d’un signal fort : l’isolement diplomatique pourrait toucher à sa fin. Mais pour de nombreuses voix dans le monde, cette reconnaissance pose une question éthique : peut-on normaliser un régime tant que les droits fondamentaux de millions de citoyens afghans, en particulier des femmes, ne sont pas garantis ?

L’avenir dira si cette décision russe est un acte de réalisme politique ou un pari risqué sur un régime encore très controversé.

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