jeudi 12 juin 2025

𝐏𝐚𝐭𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐄𝐛𝐨𝐮𝐦𝐛𝐨𝐮 : 𝐮𝐧 𝐡é𝐫𝐢𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐝'𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐝é𝐯𝐨𝐮𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭

Le Cameroun vient de perdre une figure emblématique de l'engagement politique et social. Patience Félicité Minyem Endene épouse Eboumbou s’est éteinte ce jour, seulement quinze jours après la disparition de son époux, laissant derrière elle un héritage immense d'altruisme, de service public et de combat pour les plus vulnérables.

𝐔𝐧𝐞 𝐩𝐢𝐨𝐧𝐧𝐢è𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐭é𝐥é𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬

Née au Cameroun, Patience Eboumbou fait figure de précurseure. Après des études universitaires en physique théorique et mathématiques obtenues en 1973 à l’Université de Yaoundé, elle intègre l’École Nationale Supérieure des Télécommunications de Paris. Diplômée en 1977, elle devient la première femme camerounaise ingénieure en télécommunications, un exploit remarquable à une époque où les femmes demeuraient largement sous-représentées dans les sciences et les technologies.

De retour au pays, elle contribue activement à la modernisation du secteur des télécommunications, notamment en prenant la tête de CAMTEL Mobile en 1999. Son parcours professionnel exemplaire inspire toute une génération de femmes ingénieures, qu’elle accompagnera plus tard en tant que présidente des Femmes Ingénieures du Cameroun.

𝐔𝐧𝐞 𝐦𝐢𝐥𝐢𝐭𝐚𝐧𝐭𝐞 𝐟𝐢𝐝è𝐥𝐞 𝐚𝐮 𝐑𝐃𝐏𝐂

Femme d’engagement, Patience Eboumbou a toujours su conjuguer carrière professionnelle et militantisme. Membre engagée du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), elle gravit les échelons du parti jusqu’à siéger au Comité Central et au sein de la délégation permanente du Wouri.

En 2013, elle est nommée sénatrice suppléante. Cinq ans plus tard, en avril 2018, elle est élue sénatrice titulaire de la région du Littoral. Cette consécration politique témoigne de sa constance, de son influence et de sa fidélité aux valeurs du parti.

Peu après son élection, elle organise un service d’action de grâce à Bonabéri, son fief, au cours duquel elle réaffirme son engagement indéfectible : « Je me mettrai toujours au service des populations. »

𝐔𝐧𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐝𝐞 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐚𝐢𝐧, 𝐚𝐮 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬

Au-delà de ses fonctions politiques, Patience Eboumbou s’est illustrée par un engagement social profond et continu, notamment dans l’arrondissement de Douala IV, dont elle restera une figure marquante.

En juillet 2020, elle fonde la Mutuelle Santé Famille de Douala 4 (MUSAF), une initiative citoyenne visant à offrir un accès abordable aux soins de santé pour les familles modestes. Très vite, cette mutuelle devient un outil de solidarité efficace dans la commune, saluée pour son impact concret.

Pendant la crise du Covid-19, elle sillonne les quartiers de Douala IV – de Bonabéri à Djebale en passant par Mabanda – pour distribuer masques, gel hydroalcoolique, vivres et messages de sensibilisation. Elle organise également des campagnes de dons au profit des personnes vulnérables : femmes enceintes, personnes handicapées, veuves, mères célibataires, enfants démunis.

À l’occasion des fêtes musulmanes, elle multiplie les gestes de fraternité en offrant denrées alimentaires et produits de première nécessité aux fidèles de plusieurs mosquées de la commune, notamment celles de Ndobo, Besseké et Mabanda. Un geste interreligieux largement salué.

Maternelle et attentionnée, elle visite régulièrement la maternité de Bonassama et d’autres centres de santé pour y distribuer kits de naissance, couches, lait infantile et savon à plus d’une centaine de jeunes mamans. Elle y anime également des séances de sensibilisation sur la santé maternelle et néonatale.

𝐔𝐧 𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐢𝐧𝐝é𝐟𝐞𝐜𝐭𝐢𝐛𝐥𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐁𝐨𝐧𝐚𝐛é𝐫𝐢

Bonabéri, quartier populaire situé sur la rive droite du Wouri, a toujours été le cœur battant de l’engagement de Patience Eboumbou. Elle y a vécu, milité, écouté, soigné. Toutes ses grandes actions sociales y sont enracinées. Surnommée « la mère des oubliés », elle y a marqué les esprits par sa proximité avec les sans-voix.

En 2017, c’est à Bonabéri qu’elle reçoit le prestigieux Prix de l’Excellence Managériale décerné par le Cercle d’Éthique et de Promotion des Journalistes du Cameroun (CEPROJ), récompensant son engagement en faveur du vivre-ensemble, de la solidarité et du développement local.

𝐔𝐧 𝐡é𝐫𝐢𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐯𝐢𝐯𝐚𝐧𝐭

Patience Eboumbou laisse derrière elle bien plus qu’un souvenir : elle laisse une empreinte durable, à travers les projets qu’elle a initiés, les femmes qu’elle a soutenues, les enfants qu’elle a protégés, les malades qu’elle a soignés, et les causes qu’elle a défendues dans les plus hautes sphères de l’État.

Son décès, survenu dans un moment déjà douloureusement marqué par la disparition de son époux, laisse un vide immense dans les cœurs. Mais elle lègue aussi un exemple lumineux de ce que signifie servir avec humanité, humilité et constance.

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